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Résumé de congrès | 28 mai 2021

L’État mondial de la qualité 2018

Dans la foulée de sa participation au 63e Congrès de l’Organisation européenne de la qualité, l’équipe du Mouvement québécois de la qualité a obtenu l’État mondial de la qualité 2018 (2018 World State of Quality – WSQ), un impressionnant classement de 118 pays basé sur 16 indicateurs liés à la qualité. Publiée en 2016, la première mouture de ce rapport visait uniquement les 28 pays de l’Union européenne. L’année suivante, la portée du classement était élargie à l’échelle mondiale.

L’État mondial de la qualité est le fruit d’un imposant travail réalisé par une équipe de seulement cinq chercheurs portugais. C’est pourquoi les résultats pour l’année 2018 sont publiés deux ans après la collecte des données.

Dans cet article, nous nous penchons sur le détail des indicateurs ainsi que sur le rang qu’occupe le Canada à l’égard de chacun d’eux.

Le Canada parmi les meneurs

C’est sans grande surprise que le Canada fait partie du peloton de tête, avec 26 autres pays que le rapport qualifie de leaders. Le Canada occupe le 11e rang au classement général, devançant entre autres les États-Unis, le Japon et la France. Le score du Canada est de 26,891, ce qui signifie qu’il occupe, en moyenne, le 26e rang dans les 16 indicateurs. Comme le souligne le rapport, aucun pays n’est premier partout et aucun n’est dernier partout. Même la Suisse, bonne première au classement général, présente des lacunes, tandis que le Yémen, dernier, fait bonne figure pour quelques indicateurs.

À noter que plusieurs indicateurs tiennent compte de la population du pays. En 2018, celle du Canada frôlait les 37 millions d’habitants.

Pour en favoriser la compréhension, les auteurs ont subdivisé le rapport en 10 dimensions, chacune basée sur un ou deux indicateurs.

La dimension des organisations

Cette dimension est évaluée à partir d’un seul indicateur : le nombre d’organisations certifiées ISO 9001 divisé par la population du pays. Le caractère international de la certification et la facilité avec laquelle ces données peuvent être obtenues motivent certainement la décision des chercheurs d’y recourir. Même si une certification ISO 9001 n’est pas un gage de performance, il s’agit certainement d’une démonstration éloquente de l’engagement d’une organisation à l’égard de la qualité.

Sur la base des données recueillies en 2016, le Canada figure au 43e rang mondial, avec environ 6 750 organisations certifiées.

La dimension des professionnels

Cette dimension est évaluée à partir d’un seul indicateur, soit le nombre de membres de l’Académie internationale pour la qualité que compte le pays, divisé par la population de celui-ci. L’adhésion à cette association est accessible uniquement sur invitation. Elle regroupe ainsi entre 100 et 150 membres répartis aux quatre coins de la planète. De ce nombre, on pouvait compter trois Canadiens en 2018, ce qui confère au Canada le 16e rang mondial. Fait à mentionner : la majorité des pays du classement ne comptaient aucun membre de l’Académie. Le dernier rang possible pour cet indicateur est donc le 32e.

Sans rien enlever au prestige de l’Académie internationale pour la qualité, il aurait été intéressant que les chercheurs recensent, par exemple, le nombre de personnes ayant obtenu une certification Ceinture noire ou Maître Ceinture noire Lean Six sigma accordée par un organisme d’accréditation reconnu au cours des 10 dernières années. Cela aurait eu pour effet de démocratiser davantage cette dimension, en mettant en lumière le nombre de praticiens qui contribuent à améliorer des processus quotidiennement sur le terrain dans leur pays.

La dimension de la recherche

Deux indicateurs ont servi à évaluer la dimension de la recherche. Le premier concerne le nombre d’articles comportant certains mots-clés liés à la qualité et publiés sur les plateformes Scopus et Web of Science depuis les 10 dernières années divisé par la population du pays. Le Canada s’en tire très bien pour cet indicateur, se classant au 7e rang, avec plus de 7 200 articles.

Le deuxième indicateur porte sur le nombre d’universités que compte le pays parmi les 500 institutions inscrites au Shanghai Ranking. Avec 19 universités figurant à ce classement, le Canada fait encore bonne figure et occupe le 13e rang. Précisons que cette dimension a été évaluée à partir des données de 2017. Depuis, le Shanghai Ranking a été bonifié et inclut désormais le top 1 000 mondial.

La dimension de l’éducation

La dimension de l’éducation est évaluée à partir d’un seul indicateur, la scolarité, décomposé en deux sous-indicateurs : la moyenne du nombre d’années de scolarité pour les gens de 25 ans et plus et le nombre d’années de scolarité attendues pour les enfants qui commençaient l’école l’année où les données ont été recueillies, soit 2017. Ces informations sont tirées du Rapport sur le développement humain des Nations Unies.

Avec une moyenne de 13,3 années de scolarité et de 16,1 années de scolarité attendues, le Canada se place au 11e rang pour cet indicateur.

La dimension de la santé

La santé est peut-être la dimension dont le lien avec la qualité au sens large semble le plus ténu. Les chercheurs ont évalué indirectement la performance du réseau de la santé, qui constitue une manifestation éclairante de la qualité à cet égard. Ils se sont basés sur deux indicateurs. Le premier porte sur l’espérance de vie en santé, à partir des données publiées par l’Organisation mondiale de la Santé. À ce chapitre, le Canada occupe le 6e rang mondial. Ses habitants peuvent espérer vivre en santé jusqu’à 73,2 ans !

Le deuxième indicateur correspond au taux de mortalité infantile, soit la proportion de décès survenant avant l’âge d’un an, selon la Banque mondiale. Le Canada occupe le 30e rang mondial, avec 4,3 décès par 1 000 naissances.
Mentionnons que les données utilisées pour mesurer chacun des indicateurs remontent à 2016.

La dimension de la compétitivité

Cette dimension est évaluée selon deux indicateurs : l’indice de compétitivité mondiale, selon le Forum économique mondial, ainsi que le produit intérieur brut (PIB), selon la Banque mondiale.

L’indice de compétitivité mondiale découle d’un calcul réalisé à partir de 12 indicateurs allant de l’accessibilité au financement à la stabilité des politiques gouvernementales, et ce, pour 137 pays. Le Canada y occupe le 14e rang, ce qui le place au 11e rang de l’État mondial de la qualité. Cette différence s’explique par le fait que certains pays, comme Singapour, sont absents du classement, mais devancent le Canada pour ce qui est de l’indice de compétitivité.

Chaque organisation bénéficie ou souffre de la conjoncture que créent les facteurs qui constituent l’indice de compétitivité. Difficile d’atteindre des sommets de performance quand il faut constamment franchir des barrières ou des obstacles sur lesquels nous n’avons aucune emprise!

Quant au PIB du Canada, il était de plus de 1 713 milliards de dollars américains en 2017, ce qui confère au pays le 12e rang au classement. Plus une organisation est performante, plus elle devrait contribuer au produit intérieur brut de son pays!

La dimension de la cohésion sociale

Cette dimension est composée d’un seul indicateur nommé « coefficient de Gini ». Celui-ci mesure les inégalités salariales dans la population d’un pays. La valeur du coefficient va de 0 – qui correspond au scénario de l’égalité parfaite, où tous les habitants gagnent le même salaire – à 100, qui correspond au scénario inverse, soit celui de l’inégalité totale, où une personne possède tous les revenus alors que toutes les autres n’ont rien.

L’Azerbaïdjan est 1er, avec un coefficient de 16,6, et le Botswana est dernier, avec un coefficient de 64,7. Pour sa part, le Canada est 46e, avec un coefficient de 34,0. À noter que les données du Canada remontent à 2013 et que, pour certains pays, il faut reculer jusqu’avant 2000 !

La dimension du développement durable

Cette dimension est composée de deux indicateurs : le nombre d’organisations certifiées ISO 14001 divisé par la population du pays et l’empreinte écologique du pays, selon le Footprint Network.

En 2016, le Canada comptait près de 1 300 organisations certifiées ISO 14001, ce qui lui confère le 47e rang. D’autres certifications pourraient entrer en ligne de compte à l’avenir, telle que B-Corp, que plusieurs jugent comme étant plus complète et révélatrice de l’engagement de l’organisation à l’égard du développement durable dans ses activités sur les plans tant environnemental que social.

Le deuxième indicateur découle d’un calcul très élaboré qui permet de déterminer l’empreinte écologique, soit la superficie de « terre productive » et d’eau requises pour produire les ressources consommées et pour absorber les déchets générés. À cet égard, les pays industrialisés font généralement piètre figure. Le Canada n’y échappe pas : selon les données de 2014, il se classe au 115e rang, de très loin sa pire performance.

La dimension de l’innovation

Cette dimension est mesurée à partir de deux indicateurs. Le premier est l’Indice mondial de l’innovation et le deuxième, établi par la Banque mondiale, mesure la facilité de conduire des affaires dans le pays.

L’Indice mondial de l’innovation regroupe plus de 75 indicateurs couvrant les brevets, les dépenses en R et D, les partenariats entre les organisations et les universités, le nombre d’entreprises en démarrage (startups), etc. Le Canada occupe le 16e rang à ce chapitre.

Alors que l’indice de compétitivité mondiale présenté plus tôt porte sur les mesures qui aident les organisations à devancer leurs concurrents dans l’économie mondiale, la facilité de conduire des affaires adopte pour sa part une perspective un peu plus locale, évaluant les pays selon la relative simplicité avec laquelle les organisations peuvent respecter les normes. L’une des mesures de performance pour cet indicateur est le nombre de jours nécessaires à l’obtention de différents permis, souvent en corrélation directe avec la complexité du processus associé. À tous les dirigeants canadiens qui s’exaspèrent parfois de la lourdeur de leurs obligations, sachez que le Canada se classe au 14e rang pour cet indicateur. Comme quoi, quand on se compare, on se console !

La dimension de la satisfaction

Cette dimension est composée de deux indicateurs, découpant essentiellement la satisfaction en deux volets. La satisfaction personnelle se révèle à travers rien de moins que l’Indice mondial du bonheur et la satisfaction professionnelle se traduit quant à elle par l’Indice d’engagement des employés.

À noter que l’Indice mondial du bonheur est inclusif, mais que chaque année, le rapport publié se concentre sur une thématique ou sur un sous-ensemble de la population, ce qui influence la méthodologie de sondage. En 2018, il s’agissait des immigrants. À noter aussi que le calcul de cet indice recoupe certains autres indicateurs, y compris l’espérance de vie en santé. À cela s’ajoutent des questions posées aux habitants des pays comme :

  • Si vous vous retrouvez en difficulté, pouvez-vous compter sur des amis ou sur des membres de votre famille pour vous soutenir ?
  • Êtes-vous satisfait de votre liberté à pouvoir choisir ce que vous faites de votre vie ?
  • Avez-vous fait un don à un organisme de charité au cours du dernier mois ?

Le Canada offre sa meilleure performance pour cet indicateur, atteignant un enviable 6e rang.

Par ailleurs, il est bien connu qu’un employé heureux à la maison est souvent plus productif au travail ! Ce qui nous amène à l’autre indicateur : l’index d’engagement des employés. Nous sortons ici des calculs et des statistiques complexes. En effet, l’État mondial de la qualité s’appuie tout simplement sur les 12 questions de Gallup auprès d’un échantillon de population pour classer les pays. La méthodologie de calcul étant particulièrement rigoureuse (le site de Gallup clame que seuls 15 % des employés sont engagés), le Canada se classe au 44e rang avec un pourcentage d’engagement de 20,3 %. Voilà qui empêcherait beaucoup de dirigeants de dormir! Un peu comme pour l’empreinte écologique, les résultats du Canada pour cet indicateur vont dans une tout autre direction que ceux obtenus pour la majorité des dimensions évaluées dans ce rapport. Beaucoup de pays d’Afrique affichent un score au-dessus de 30 %, ce qui en dit long sur les exigences des travailleurs occidentaux !

Facile de se sentir petit face à tout ça…

Quand on regarde des données nationales ou même mondiales, on peut rapidement perdre de vue le sens de toutes ces informations par rapport à la réalité de notre organisation. Pourtant, on peut tirer de belles leçons de l’État mondial de la qualité. Votre organisation vise-t-elle une nouvelle certification pour cette année ? Outillerez-vous d’autres praticiens en amélioration continue ? Investissez-vous suffisamment en R et D ? Prenez-vous suffisamment soin de vos employés, tant au travail qu’à l’extérieur ? À réfléchir, puisque beaucoup de ces éléments pourraient influencer la qualité de vos produits et de vos services !

Pour en savoir plus…

Voici, extrait du rapport, le visuel résumant le classement du Canada à l’égard de différents indicateurs.

Et voici les détails des objectifs de développement durable des Nations Unies ainsi que du plan du Canada pour les atteindre.

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