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Webzine | 28 mai 2021

Génie 4.0 : prenez le virage vous aussi

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Conférence de Louis J. Duhamel, conseiller stratégique, Deloitte (audits et conseils)

Les freins à la migration 4.0

Il existe pas moins de 15 freins qui inhibent la migration des entreprises vers le 4.0. Certains sont bien connus : perception de complexité, méconnaissance de l’aide disponible et craintes quant à la confidentialité. Mais deux autres méritent d’être soulignés.

  • La stabilité des standards. Une entreprise craint d’investir aujourd’hui pour apprendre deux ans plus tard qu’elle doit se conformer à un standard qui nécessitera d’autres dépenses.
  • La longévité du recouvrement. Les entreprises et même les institutions financières tolèrent habituellement un recouvrement de 12 à 18 mois. Dans le cas du 4.0, on parle plutôt de trois à cinq ans… Un ajustement est requis pour les deux camps.

Le mythe du déclin

Le secteur manufacturier en déclin au Québec? M. Duhamel a vite brisé ce mythe : toutes les régions administratives ont connu une hausse de leur PIB manufacturier moyen entre 2014 et 2016.

Crainte paradoxale des pertes d’emplois

Et pour passer du mythe au paradoxe, n’est-ce pas intrigant que dans un contexte de plein emploi où les entreprises s’arrachent les travailleurs, la principale crainte liée au 4.0 est que… nos jobs vont disparaître?

Il ne faut toutefois pas s’en étonner. Les gens ont eu la même crainte lors des trois révolutions industrielles précédentes. Chaque fois, les emplois n’ont pas disparu : ils se sont transformés.

Il faut dire que nous avons tendance à concentrer notre attention sur les forces des robots (précision, rapidité, tolérance aux tâches répétitives, etc.) au point d’oublier les nôtres (improvisation, résolution de problèmes, leadership, empathie, jugement, etc.)

La solution est parfois plus proche qu’on ne l’imagine

Pour migrer au 4.0, les entreprises devront « requalifier » leur main-d’œuvre. Une entreprise était incapable de recruter du sang neuf pour combler quatre postes affichés sur le marché. Elle s’est donc résolue à faire passer des tests psychométriques à du personnel en place. Surprise! Des employés déjà à bord avaient tout le potentiel pour occuper ces postes. En prime, les postes laissés vacants par ces employés se sont avérés plus faciles à combler par un affichage externe. Il ne faut jamais sous-estimer le désir et la capacité des gens à apprendre et à se développer!

Les entreprises ont leur Tinder…

À noter lors de la période de questions la mention de la plateforme Bridgr qui permet de jumeler des entreprises ayant des besoins avec les bons spécialistes pouvant combler ces besoins. Un peu à la manière d’un site de rencontres, quoi! Dieu sait que les questions « qui peut m’aider? » et « à qui puis-je faire confiance? » reviennent souvent dans les entreprises…

Tour d’horizon de la première vitrine 4.0 : l’excellence numérique

Conférence de Yves Proteau, co-président, APN (usinage de haute précision)

Voici un conférencier qui a hâte de ne plus être le seul à démontrer ce que représente la migration 4.0.

En effet, à ce jour, bien que la certification existe depuis 2017, APN est la seule entreprise reconnue comme Vitrine 4.0. Des milliers de visiteurs ont fait le voyage à Québec pour être témoins de sa transformation. On dirait un marathon dans lequel un participant vient de franchir le 25e kilomètre alors que les autres sont encore sur la ligne de départ, tellement l’écart est grand.

Penser systèmes… pas équipements

Dans un monde où les machines ne se parlent pas, où les logiciels ne se parlent pas et où même les humains ne se parlent pas, APN a depuis belle lurette cessé d’acheter des équipements ; elle achète des systèmes. Abus de langage ou vision? Les résultats parlent d’eux-mêmes…

Redéfinition radicale de la notion de produit

APN a une façon complètement différente de voir ses produits. Par leur poids? Non. Par leur temps de cycle? Non. Par les matériaux qui les composent? Non.

Réponse : par le nombre de mégaoctets de données que chaque produit génère! En effet, une fois que cette richesse est exploitée dans l’entreprise, il semble impossible de voir autre chose tellement est grand le potentiel d’actions et de décisions possibles.

L’automatisation tout en haut de la pyramide

On ne peut même pas accuser APN d’avoir brûlé des étapes puisque lorsqu’un de ses clients lui a demandé de « s’automatiser », la réponse fut un modèle en forme de pyramide où l’automatisation est au sommet. Bien des étapes viennent avant :

  • Comprendre ce que l’on fait
  • Le faire manuellement
  • Le faire numériquement (être capable de le programmer)
  • Utiliser ce qui est technologiquement disponible sur le marché pour arriver au 3.0
  • Mesurer ce que l’on fait
  • Implanter un système ERP
  • Faire le ménage (Lean, SMED, etc.)
  • Intégrer ce que l’on fait (modules ERP additionnels)
  • Contrôler ce que l’on fait
  • Et, finalement, automatiser ce que l’on fait!

Il fut dit que personne dans la salle n’a encore vécu de révolution industrielle. Nous avons vécu des évolutions industrielles. Une évolution est une pente douce, une révolution est une marche.

Enfin, lorsqu’amené sur la question du retour sur l’investissement, M. Proteau a répondu qu’il considère ces investissements comme l’équivalent de manger. Ferez-vous un retour sur l’investissement sur votre souper de ce soir?

Un style très différent, mais tout aussi passionnant que celui de son neveu Antoine, dont nous avions apprécié la conférence lors de l’événement Les Affaires sur le 4.0. Amenez-en des Proteau sur la scène!

Implantation d’un système d’intégration verticale : comparaison des impacts sur la productivité des processus

Conférence de Catherine Bouchard, présidente, Centris Technologies (intégration de solutions 4.0)

Mme Bouchard a d’abord présenté des cas d’intégration du 4.0 chez deux clients de sa firme : Splendid Chocolates et Home Hardware. Chaque fois, le projet était présenté dans la séquence suivante : réalités de production, problématiques/causes, solutions, résultats, coûts et concepts 4.0 implantés.

Les rendements et les objectifs de Splendid Chocolates n’étaient pas visibles sur le plancher de fabrication. Maintenant, tous les employés peuvent voir un cadran affichant en temps réel le nombre de moules produits par minute. C’est là une mesure clé de la bonne santé de la ligne. Un goulot survient? On peut agir immédiatement.

  • Durée du projet : 3-4 mois.
  • Coût total : 22 000 $ (dont 15 000 $ pour l’application).
  • Retour sur l’investissement : six mois.

Quant à Home Hardware et sa ligne de produits de peinture Beauti-Tone, ce fut un projet plus costaud. Toutes les étapes d’entrée de données depuis le remplissage jusqu’à la palettisation ont été remplacées par un SCADA (système de contrôle et d’acquisition de données). Un écran géant contenant des informations sur le rendement de la ligne a aussi été installé.

  • Durée du projet : 7-8 mois.
  • Coût total : 125 000 $ (dont 75 000 $ pour l’application).
  • Retour sur l’investissement : gain de 30 % en efficacité.

Simulation avant-après

Ensuite, nous avons eu droit à une simulation avant-après pour une usine fictive qui amorce une transformation numérique. Le « avant » illustrait à peu près tous les travers classiques d’une organisation aux prises avec des problèmes d’efficience : impression en double, entrée de données manuelles, retards, etc.

Fait intéressant, la situation « après » s’est avérée très réaliste : rien à voir avec ces résultats si parfaits qu’ils en paraissent inatteignables. On y voyait plutôt des premiers pas encourageants : réduction des étapes inutiles, optimisation des systèmes existants, etc.

Lors de la période de questions, Mme Bouchard a mentionné que 60 % de la clientèle de Centris Technologies est à l’extérieur du Québec. Est-ce un cas où « nul n’est prophète en son pays » ou est-ce un autre signe du retard de notre province dans l’adoption du 4.0?

La contribution du monde du génie aux principaux enjeux et défis du passage au 4.0

Panel animé par Geneviève Lefebvre, directrice de projet, innovation et transfert, CEFRIO (recherche et innovation)

Benoit Brouillette, directeur général, Labplas (spécialiste du sac d’échantillonnage)
Hugues Foltz, vice-président stratégie, Vooban (développement de logiciels)
Françoys Labonté, directeur général, CRIM (recherche informatique)
François Gingras, directeur manufacturier intelligent, CRIQ (accompagnement vers le manufacturier innovant)

Comprendre nos modes de fonctionnement

Ce panel a confirmé que la base de la pyramide présentée plus tôt par Yves Proteau est cruciale : les entreprises doivent d’abord comprendre ce qu’elles font! Et quand vient le temps de s’intéresser aux données, il ne faut pas s’arrêter à ce qui existe aujourd’hui. Si vous posez la question à vos employés, surtout aux opérateurs, ils s’empresseront de vous dire tout, tout, tout ce qui pourrait leur simplifier la vie « si seulement c’était disponible… ».

Un parallèle intéressant a d’ailleurs été fait entre la récolte des données et les découvertes scientifiques. Au même titre où des inventions clés comme le GPS ont permis des percées significatives dans toutes sortes de domaines, l’accès à des données jusque-là inexploitées va ouvrir des portes dont on ne soupçonnait même pas l’existence!

Liens enseignement-industrie

Le CRIM, qui fait le pont entre le milieu académique et les entreprises, offre à des employés de réserver une journée par semaine pendant quatre mois pour réaliser des projets réels sous la supervision d’experts. Une belle façon de se former tout en continuant à contribuer à son organisation.

D’ailleurs, M. Labonté mentionne au passage qu’il est important que les établissements académiques, souvent tentés par des recherches toujours plus exotiques, restent centrés sur les besoins terrain des entreprises, qui ne peuvent s’offrir le luxe de voguer dans les hautes sphères de la recherche.

Deux questions très révélatrices posées à des scientifiques des données (un poste appelé à gagner en popularité dans les entreprises) :

  • Quel est le principal outil que vous utilisez au quotidien? « La régression linéaire. » Eh oui, on aurait pu s’attendre qu’il s’agisse d’un logiciel complexe, mais non…
  • Quel est votre plus gros enjeu? « Nous n’avons pas de questions auxquelles répondre! » Vous avez bien lu, ce n’est pas qu’ils n’ont pas de réponses, ils n’ont pas de questions! Il faut prendre le temps de bien formuler ses besoins!

Apprenez en observant les experts

Si vous recevez de l’aide d’un consultant dans votre transformation numérique, ayez la même curiosité que celle que vous avez lorsque vous faites appel à un spécialiste pour vos rénovations domestiques. Vous avez pris la peine d’observer celui qui a posé la céramique dans votre salle de bain pour être autonome à l’avenir? Le raisonnement est le même : intéressez-vous à la technologie quand vous demandez un coup de main : le domaine vous paraîtra moins ésotérique dans le futur.

Petit clin d’œil à ceux qui pensent que le 4.0 est une mode : grâce aux téléphones intelligents, nous gérons différemment de 30 à 40 % de notre vie. Reviendriez-vous en arrière?

Comment intégrer un plan numérique pour transformer votre modèle d’affaires?

Conférence de Benoit Cormier, associé principal, GLM Conseil (efficacité opérationnelle)

Les produits avant les processus !

« Quelle est la meilleure opportunité que vous voyez dans le 4.0? ». Lorsqu’on pose cette question aux entreprises, elles répondent : l’amélioration des processus de production et de gestion. Les deux réponses qui occupent le dernier rang sont l’amélioration des produits et services et l’évolution du modèle d’affaires. Il s’agit pourtant, selon M. Cormier, du cœur du 4.0.

Pour illustrer ce point, rien de mieux que d’observer des entreprises vivant un scénario apocalyptique. En effet, au cours de la dernière année, pas moins de trois d’entre elles ont appelé GLM Conseil un bon matin : leur carnet de commandes était… complètement vide!

L’une de ces entreprises est un fabricant de planches à roulettes. Une recherche a permis de découvrir qu’un compétiteur offrait des lots plus petits et moins chers. Que faire? S’engager dans une guerre de prix à l’issue plus que douteuse? Eh bien non, l’entreprise québécoise a plutôt choisi d’offrir des planches à roulettes avec une personnalisation totale.

Posez-vous donc la question : si demain vous vous retrouvez avec un carnet de commandes vide, comment allez-vous transformer votre modèle d’affaires?

Savoir reconnaître les vrais enjeux

À la question « quel est votre plus gros enjeu? » adressée aux participants, la main-d’œuvre fut évidemment la réponse.

Pourtant, la plupart des entreprises cherchent à transformer numériquement d’autres processus. Il faut s’attaquer à ce qui fait le plus mal ou ce qui peut rapporter le plus de gains. Appuyez-vous sur votre plan stratégique! Parfois, les gains potentiels sont là où on les attend les moins!

Une entreprise qui mobilisait 11 employés pour éplucher 800 CV par semaine a compris qu’elle devait concentrer ses efforts pour améliorer ce processus. Aujourd’hui, elle accomplit le même travail avec deux employés.

C’est bien beau de se lancer dans une transformation numérique en profondeur des processus. Mais avez-vous pensé que vous mobilisiez deux employés uniquement pour noter des numéros d’immatriculation à l’entrée du stationnement ? Un système automatique de reconnaissance d’images semble un premier pas tout simple…

Avant d’automatiser, faire le ménage !

Les données deviennent des informations et les informations mènent à des décisions. Au bout d’un certain temps, si les décisions sont bonnes, on va vouloir les automatiser.

Revenons à la pyramide pour la troisième fois : vos processus décisionnels actuels sont basés sur 200 courriels/jour? Vous n’êtes tout simplement pas prêt à les numériser…

En conclusion, mentionnons une étude démontrant que les entreprises investissent en moyenne 0,6 % de leur revenu brut en technologie. Ce ratio devrait être de 2,7 %. Encore plus révélateur : 70 % des entreprises sondées ont investi moins de 50 000 $ en technologie au cours des 12 derniers mois…

La génération de données et la prise de décision automatique : comment rendre les capteurs intelligents et connectés?

Conférence d’André Fougères, vice-président, Innovation et technologies, INO (optique-photonique)

Des problèmes apparus dans les industries deviennent des défis pour le milieu académique. Il en résulte de nouveaux savoirs qui deviennent des solutions pour les industries.

L’INO est un OBNL qui se finance par des projets technologiques complexes en entreprise. Comme vous pourrez le voir dans les exemples ci-après, les solutions sont très sophistiquées et n’ont rien à voir avec l’achat de capteurs de modèle courant. Néanmoins, la preuve est faite qu’à peu près tout est possible pour une entreprise qui veut moderniser ses façons de faire.

Vous vous demandez ce que les capteurs peuvent faire pour vous? Oubliez un instant les cas plus classiques de récolte des données d’un équipement ou la détection de mouvements : l’INO nous amène dans ce qui peut sembler, à première vue, de la science-fiction.

  • Calcul des proportions sirop de maïs / sirop d’érable / mélasse dans une solution afin de détecter toute contrefaçon.
  • Profilomètre laser permettant d’inspecter automatiquement des pipelines ou des canalisations d’égout (pente, aspérités, etc.).
  • Contrôle de l’ensemble des activités sur le tarmac d’un aéroport, de jour comme de nuit.
  • Toujours dans un aéroport, reconnaissance visuelle des bagages et des humains afin qu’aucun bagage ne soit laissé sans surveillance (il doit toujours être proche d’un humain).
  • Fusion de capteurs – Une même scène peut être prise en photo par plusieurs capteurs différents et les images pourront ensuite être superposées pixel par pixel pour tirer des conclusions en fonction de propriétés combinées.

Deux scénarios ont été explorés plus en détail.

Affinerie CCR

L’objectif était de lire le code sur une « plaque-mère » avec de nombreux enjeux tels que la présence de rayures et de taches, l’usure, le faible contraste, l’emplacement variable du code, etc. Au capteur a donc dû se combiner un système d’éclairage spécial. Le nombre de lectures correctes a atteint 94,3 % et un algorithme d’apprentissage profond a ensuite permis de faire passer ce chiffre à 99,1 %, réduisant le nombre de mauvaises lectures par semaine de 4,300 à 760. L’INO et Affinerie CCR avaient d’ailleurs présenté leur projet au Salon sur les meilleures pratiques d’affaires en 2017.

Vineland Research and Innovation Center

La cueillette des champignons est un travail pénible. Elle nécessite en outre une longue formation pour savoir évaluer la maturité du champignon et cueillir les bons individus. Un capteur permet maintenant d’analyser les propriétés de chaque champignon. À l’aide d’un pointeur laser, il indique à l’employé lesquels il doit cueillir. À terme, le processus pourra être bonifié avec un robot cueilleur, mais dans l’intérim, la qualité des champignons a augmenté de 30 %, et ce, avec des employés moins expérimentés et formés.

Les enjeux de cybersécurité liés à votre transformation numérique

Conférence de Bertrand Milot, vice-président, cyber-risque et sécurité, Richter (services-conseils)

Il était risqué d’attaquer en fin de journée le sujet de la cybersécurité, typiquement rabat-joie et synonyme de lourdeur. Mais Bertrand Milot a réussi à en faire l’une des conférences les plus dynamiques et instructives de l’événement!

D’entrée de jeu, il a demandé à quatre volontaires de lui remettre une carte d’affaires. Coincé par le temps, M. Milot s’est « contenté » de prendre deux minutes pour générer, à partir du peu d’informations que l’un des participants lui a confié, une liste de tous les identifiants/mots de passe compromis des collègues travaillant pour la même entreprise que la victime. Gageons qu’un pirate informatique motivé aura tout le temps qu’il désire et explorera certaines de ces avenues…

Ingénierie sociale

Nous avons ensuite pris part à un jeu où chacun de nous avait à choisir un nombre. Le présentateur nous a ensuite fait passer ce nombre à travers toutes sortes d’opérations arithmétiques, de substitutions, d’associations avec des lettres, etc. À la fin de ce parcours tortueux, il a pu « deviner » notre pensée et nous annoncer que tout le monde avait en tête les mots « éléphant du Danemark »! Il y a bien sûr un truc derrière cet acte en apparence divinatoire. Les participants ont en effet été manipulés. C’est cela l’ingénierie sociale et nous pouvons facilement en être victimes lorsqu’un inconnu nous appelle pour nous poser des questions en apparence innocentes.

Tout le monde est à risque !

10 % des attaques cybercriminelles sont catégorisées comme « inconnues », ce qui n’est pas rassurant. Les autorités réglementaires seront d’ailleurs toujours en retard sur la cybercriminalité. Ce qui veut dire que même si les manufacturiers d’équipements connectés se conforment aux lois, leurs produits sont à risque et vous n’aurez aucun recours contre eux en cas de brèche. La responsabilité repose donc sur les épaules des utilisateurs. Le site Shodan permet de rechercher des adresses IP d’objets connectés pour en valider la sécurité. Gageons qu’un casino ayant été piraté via son… thermomètre d’aquarium aurait gagné à s’en servir!

Deux mythes forts dans le domaine de la cybercriminalité :

  • « On m’a ciblé par erreur! » – Faux. Au minimum, vous avez un compte bancaire, vous êtes donc la parfaite victime.
  • « Je n’ai jamais été attaqué. » – Faux. Comment pouvez-vous en être sûr sans de bons outils de détection? Sachez que les virus modernes n’essaient plus de vous paralyser, ils font plutôt des connexions sortantes à 100 % (vos données sont envoyées aux pirates) qui, sous un regard inexpérimenté, se confondent avec de la navigation internet banale. Il peut d’ailleurs être difficile de remonter à la source d’une divulgation d’informations puisque l’entreprise piratée ignore que ses données ont été volées. Elle ignore donc qu’elles ont été exploitées. Imaginez alors le client qui, lui, a fait une transaction unique avec cette entreprise il y a six mois! Il n’a pratiquement aucune chance de faire le lien.

Les pirates informatiques sont organisés et on peut même dire qu’ils ont un budget de R et D! Le rançongiciel Cryptowall a permis à lui seul d’amasser 325 millions de dollars US. Imaginez les ressources que cette somme astronomique permet de mobiliser! Il nous faut redoubler d’efforts si nous voulons espérer nous battre à armes égales.

Former le personnel

Si M. Milot n’avait qu’un conseil à donner aux entreprises, quel serait-il? Investir moins d’argent en technologie de sécurité informatique et rediriger ces montants vers la formation des employés. Ils sont votre meilleure ligne de défense!

Relentless Adaptation

Conférence d’Amber Mac, présidente, Konnekt Digital Engagement (conseil web)

Considérons deux photos de groupe prises lors d’un même événement en 2005, puis en 2013. Dans la première, on ne voit qu’une personne consultant un vieux cellulaire à rabat. Dans la deuxième, TOUT LE MONDE brandit un téléphone intelligent!

Savoir quand s’adapter

Voilà qui résume le propos de Mme Mac. Il ne s’agit pas en effet d’être les premiers, il s’agit de savoir s’adapter. Graeme Wood n’a-t-il pas dit que « le changement ne s’est jamais produit aussi rapidement dans le passé, mais il ne se produira jamais aussi lentement dans le futur »?

Lorsque les premiers ascenseurs sont apparus, les gens étaient très réticents à les emprunter et la plupart continuaient à prendre l’escalier. Aujourd’hui, c’est la volonté de faire de l’exercice, et non plus la peur de la technologie, qui nous fait parfois hésiter.

On pourra revoir ce parallèle en action lorsque les voitures autonomes feront leur apparition. On a tendance à être trop sévère envers la technologie. Un accident impliquant une voiture autonome défraie les manchettes immédiatement, mais rappelons-nous qu’aux États-Unis seulement, 30 000 personnes perdent la vie chaque année des suites d’un accident de la route. Il ne faut pas essayer d’être parfait, il faut essayer de faire mieux!

L’exemple estonien

L’Estonie, le pays qui a donné naissance à Skype lorsque son système de téléphonie s’est écroulé, est la première nation au monde à offrir un programme de « citoyenneté corporative électronique » (e-residency). En effet, on peut maintenant fonder une entreprise européenne entièrement en ligne. Tous les services requis sont directement accessibles. Voilà qui risque de changer drastiquement le milieu des affaires. La Finlande offre en outre un cours gratuit sur l’intelligence artificielle à quiconque veut augmenter son savoir. L’idée est qu’à défaut de pouvoir concurrencer les super puissances mondiales sur le terrain des investissements, la Finlande vise être un joueur de premier plan en termes de savoir collectif. Comme quoi les gouvernements peuvent se démarquer autrement que sur le terrain financier.

Impensable aujourd’hui? Vrai demain…

On peut se moquer de la façon dont les enfants interagissent avec Google Home, Alexa et Cortana, mais si leurs questions loufoques ressemblent aujourd’hui à de la science-fiction, elles ne sont que le futur de demain. Quand le fils de Mme Mac, à son retour de vacances, a demandé à Google Home de lui jouer ses chansons favorites, la réponse de sa mère fut « Voyons, Google ne te suit pas partout et ne peut pas savoir ce que tu aimes comme musique! » Puis elle s’est aussitôt dit que ce n’était en fait qu’une question de temps…

Terminons avec une autre citation, cette fois de Mario Andretti, ex-champion du monde de Formule 1 : « si tout vous semble sous contrôle, c’est que vous n’allez pas assez vite! »

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